Les institutions redoublent d’énergie… pour mieux en économiser
Particulièrement sensibles aux questions d’économies d’énergie, les collectivités locales et les professionnels du secteur ne ménagent pas leurs efforts pour limiter les consommations. Ce faisant, elles mettent en œuvre des actions qui concilient deux aspects fondamentaux : la performance énergétique, mais aussi l’exemplarité. La municipalité de Villeneuve d’Ascq s’est ainsi penchée sur un poste particulièrement énergivore (l’éclairage public), quand la Chambre de Métiers et de l’Artisanat des Côtes d’Armor s’est lancée dans la réalisation d’un bâtiment à énergie positive, en faisant appel aux dernières innovations en matière de construction.
Emmanuel Le Maitre : « Face à l’absence de tout cadre réglementaire pour le « passif », nous avons dû en établir notre propre définition pour construire Bâtipole »
En lien avec les évolutions vers une construction et une rénovation durables, la Chambre de Métiers et de l’Artisanat des Côtes d’Armor a lancé Bâtipole, un centre de ressources accompagnant les professionnels du bâtiment et les maîtres d’ouvrage dans le décryptage de l’habitat de demain.
« Initié en 2006, Bâtipole a connu un succès auprès de nos publics et la question de construire de nouveaux locaux s’est rapidement posée, explique Emmanuel Le Maitre, responsable du Centre. Nous avons saisi cette opportunité pour réaliser une construction exemplaire sur le plan environnemental, avec pour objectif un bâtiment à énergie positive, dont nous souhaitions faire une vitrine du savoir-faire des artisans.
Au moment de lancer le projet en 2009, face à l’absence de cadre réglementaire pour le « passif », nous avons dû en établir notre propre définition. Sur le volet énergétique, nous avons ainsi travaillé sur l’isolation, en adoptant par exemple le standard allemand Passivhaus pour le test d’infiltrométrie. Nous avons aussi mis l’accent sur les ENR pour couvrir tous nos besoins – en allant jusqu’à la machine à café – avec un total estimé à 13 000 kWh, pour la fourchette haute. Au sein de l’équipe de maîtrise d’œuvre, c’est le cabinet Belenn qui a pris ce volet en charge. Au final, les installations ENR se sont composées d’une membrane et de panneaux photovoltaïques, ainsi que d’une éolienne. Une station photovoltaïque a aussi été construite pour alimenter des véhicules électriques.
Après avoir ouvert des visites de chantier aux professionnels durant la construction, toutes ces réalisations peuvent être découvertes par le grand public, depuis le 28 mars. Par ailleurs, en collaboration avec des professionnels, nous organisons une exposition « Les secrets de la maison économe et confortable », avec pas moins de 14 maquettes à l’échelle 1 ! »
Plus d’infos : http://www.batipole.org
Villeneuve d’Ascq : « Nous avons été une des toutes premières villes d’Europe à installer des lampes de 35W à iodure métallique, avant d’opter pour des LED de 32W »
Villeneuve d’Ascq mène une politique de gestion raisonnée de son réseau d’éclairage public, depuis près de dix ans. Elle a ainsi été parmi les premières collectivités à se pencher sur les potentialités offertes par la LED. Jean-Luc Bruyère, Directeur des services techniques de la Ville revient sur la genèse de cette politique.
« Sortie de terre il y a plus de 40 ans, Villeneuve d’Ascq était confrontée, aux débuts des années 2000, à un vieillissement de son réseau d’éclairage public. L’âge moyen des candélabres – une trentaine d’années – s’est ressenti à l’occasion d’un gros coup de vent, au cours duquel nombre d’entre eux sont tombés sur la voie publique. Dans la foulée, nous avons réalisé des tests de tenue qui nous ont permis de mieux sensibiliser les élus sur la question.
Nous avons ensuite missionné le cabinet Idelum pour réaliser une étude sur les 12 000 points lumineux de la ville. Celle-ci a confirmé l’état matériel général du parc, mais nous a surtout fait prendre conscience que la ville était « sur-éclairée ». Après ce diagnostic, s’est posée la question de la reconstruction, de l’entretien et du dépannage que nous pouvions soit assurer en régie, soit via un prestataire spécialisé. Nous avons retenu cette seconde option, en passant un marché à performance de 12 ans avec la société Ineo qui s’est engagée à reconstruire le réseau et à nous faire bénéficier d’une économie sur notre facture énergétique de 40 %. Au bout de 7 ans, nous en sommes à -27 %.
Pour atteindre ces objectifs, nous nous sommes particulièrement attaqués aux équipements énergivores, comme les ampoules de 125W du type « boule », que nous avons remplacées par des 35W à iodure métallique. Celles-ci n’étaient pas encore commercialisées à l’époque et nous avons été une des premières villes d’Europe à les installer. Aujourd’hui, nous sommes passées à la LED 32W, offrant une meilleure luminescence et pouvant être baissées à 16 W, la nuit.
Par ailleurs, le marché nous offre un dépannage réalisé dans les meilleurs délais, avec des coûts d’intervention réduits. Le fait d’avoir fait appel à un spécialiste nous permet aussi de bénéficier de ses tarifs préférentiels auprès de ses fournisseurs, tout en profitant des dernières innovations techniques. Bref, nous sommes très satisfaits de cette organisation reposant sur un rapport de confiance, lui-même établi grâce au bon balisage du marché, apporté par le diagnostic initial. »