Phytoflottante. La solution d’assainissement des lieux atypiques
Avec l’essor des cabanes lacustres, péniches fluviales et autres habitats insolites sur les fleuves et les lacs, se pose la question de l’assainissement. Jusque-là, les usagers avaient tendance à vidanger leurs eaux usées de manière sauvage. Désormais, le système Phytoflottante répond aux problématiques de l’habitat flottant individuel de manière écologique. Il a été développé par le réseau d’experts de l’assainissement par phytoépuration Aquatiris. Interview de Renaud Gancel, expert en phyto-épuration.
« Ce système de phyto-épuration innovant est un assainissement autonome et écologique pour habitat flottant ».
L’habitat fluvial a-t-il les mêmes contraintes environnementales que l’habitat terrestre ?
Oui, le domaine fluvial a beaucoup de contraintes. Le dépotage est souvent réalisé de manière sauvage, un peu comme les navires en pleine mer. Les points de vidange à quai sont souvent très chers et pas forcément accessibles. Par ailleurs, en matière d’assainissement, ce sont les mêmes réglementations que sur terre qui s’appliquent. A savoir, pas moins de 5 mètres de l’habitation. Alors il existe aujourd’hui une solution innovante qui permet aux habitats flottants de venir s’y vidanger collectivement, ou individuellement.
Quel est le concept de cette solution d’assainissement autonome ?
Nous avons travaillé durant un an et demi, avec différents experts du domaine, pour adapter le système d’épuration par filtres plantés de roseaux et de plantes semi-aquatiques aux habitats flottants. Ces cabanes lacustres n’avaient alors pas de solution, à part les toilettes sèches, mais qui restent compliquées à évacuer. Nous avons réalisé plusieurs essais d’îlots flottants, comme des annexes végétalisées de systèmes de phyto-épuration. D’abord, nous avions essayé sur le toit, c’était trop lourd pour l’ossature, puis sur le côté, cela risquait de se faire renverser à chaque passage de péniche… Là, il s’agit d’une annexe rattachée à l’îlot principal. Une pompe alimentée par panneaux solaires pousse les eaux usées dans l’annexe. Les eaux sont traitées par un substrat filtrant au niveau des racines des végétaux avant d’être filtrées puis restituées en eau épurée dans l’eau du lac ou du fleuve.
Comment est réalisée la base flottante ?
Il s’agit d’une structure en inox, comme une coque de bateau, avec les mêmes contraintes hydrauliques pour éviter de se renverser. L’étanchéité est réalisée par une géo-membrane. Le système de traitement est rempli de pouzzolane car les graviers pèseraient trop lourd, ou encore de matériaux compostables, comme des écorces de pin, du broyage de végétaux ou du miscanthus. Mais cette matière organique nécessite un renouvellement chaque année. Ce système est dimensionné selon l’usage, de 0,5 à 2 m2 par habitant, qu’il s’agisse d’une location saisonnière ou d’une résidence à l’année.
Quels sont les avantages d’une telle structure ?
Pour répondre au marché des hébergements de loisirs insolites, c’est une véritable alternative naturelle, esthétique et durable. Un jardin de biodiversité. Pas besoin de fosse, ni de vidange, le système ne comporte aucune nuisance olfactive et n’attire pas lesmoustiques. Par ailleurs, l’annexe de phytoflottante est propice au refuge des oiseaux d’eau et à l’alevinage des poissons.