Smart city : quelles solutions pour les petites communes ?
Saint Sulpice la Forêt (35) : un système IoT pour assurer la gestion de flux énergétiques
François Leprince,
Directeur Alkante et Professeur associé à l’Université de Rennes
« Un réseau privé qui offre une meilleure couverture que celle des opérateurs »
Les solutions « smart city » permettent le pilotage de flux énergétiques au sein d’un territoire. Y a-t-il une masse critique pour se lancer dans une telle démarche ?
Alkante : Non, contrairement aux idées reçues, ces solutions sont loin d’être réservées aux grandes collectivités. Avec ses 1 450 habitants, Saint Sulpice la Forêt, commune de Rennes Métropole, en apporte la preuve. En raison d’un budget sous contraintes fortes, les élus voulaient réduire de 20 % les consommations énergétiques de six bâtiments publics, à court terme. Après s’être penchés sur la gestion technique du bâtiment – mise de côté en raison de son coût –, ils ont retenu une solution IoT (internet des objets). En forme de clin d’œil, on dit que ce système a permis la mise en place de la « plus petite smart city du monde ».
En quoi consiste ce système ?
Alkante : Il repose sur le déploiement, il y a près d’un an, de capteurs et d’un réseau IoT privé. Ce dernier offre une meilleure couverture que celle des opérateurs présents sur la zone. Il permet ainsi une collecte de données « very deep indoor » par exemple sur des compteurs sous dalle. Les informations de terrain sont ensuite traitées pour présenter des indicateurs différenciés selon les publics : élus, agents, associations, habitants… Cela permet d’apporter des réponses en termes de « process métiers », par exemple, quelle procédure déclencher si une fuite est détectée et qui s’en charge. Par ailleurs, le fait de disposer de données et d’un réseau souverains répond à la question de la propriété des informations qui se pose quand un opérateur tiers intervient. Cela permet aussi à la collectivité de demander à ses prestataires d’utiliser ce réseau.
Quels sont les premiers résultats atteints ?
Alkante : Les indicateurs produits ont permis de comprendre le fonctionnement des bâtiments et d’optimiser l’utilisation du chauffage pour une diminution significative de la consommation d’énergie. Ils ont également permis de superviser la production électrique des panneaux photovoltaïques et de lancer des actions auprès d’usagers des divers espaces publics. Par exemple, un groupe d’utilisateurs de la salle de sport consommait jusqu’à 10 m3 d’eau par soir. Sensibilisés sur le sujet, leurs consommations s’en sont trouvées réduites. Les éléments de comparaison sur une année complète seront bientôt disponibles. Sans les attendre, trois communes de Rennes Métropole ont décidé de déployer des solutions identiques à celles de Saint Sulpice la Forêt.