En Bretagne, l’hôtellerie de plein air est en train de faire sa révolution. Les quatre départements bretons comptent 752 campings, soit 83 100 emplacements. Ce qui équivaut à 9 % de l’offre en France métropolitaine. Pour la région, l’hôtellerie de plein air représente 71 % des capacités d’hébergement. L’UBHPA (Union bretonne de l’hôtellerie de plein air) dénombre 416 adhérents, soit 56 500 emplacements parmi les campings privés exclusivement, et s’intéresse à leur transition écologique. Une transition qui s’apprête à bouleverser les habitudes dans le tourisme !
Mathilde Raphalen, chargée de mission transition écologique UBHPA
Loïck Kalioudjoglou, chargé de mission solaire thermique ATLANSUN
Dans le secteur touristique, les enjeux écologiques de l’hôtellerie de plein air sont multiples. Un enjeu environnemental d’abord avec « des territoires touristiques qui sont plus consommateurs d’eau, d’énergie et de déchets », observe Mathilde Raphalen, chargée de mission transition écologique à l’UBHPA. Un enjeu économique « avec des coûts de gestion qui augmentent ». Et un enjeu sociétal, avec « des clients de plus en plus demandeurs de preuves d’engagements et des nouvelles recrues de plus en plus exigeantes », note-t-elle. En effet, une récente étude indique que 65 % des jeunes sont prêts à refuser une offre d’emploi si l’entreprise ne s’engage pas d’un point de vue environnemental ni sociétal. D’où la nécessité pour les gérants des établissements de faire évoluer leurs méthodes et leurs pratiques. D’autant plus que depuis la crise du Covid, les difficultés de recrutement se sont faites plus importantes.
De nouvelles réglementations
« Réglementairement, de nouvelles directives nous obligent également à aller plus loin », explique Mathilde Raphalen. « En 2024, le tri à la source des biodéchets sera obligatoire, ce qui implique un compostage des restes alimentaires, et la mise en place d’un référent par site ». A cela s’ajoute l’accueil des véhicules électriques et la création d’ombrières photovoltaïques sur les parkings. « La loi AGEC pour réduire le gaspillage et développer l’économie circulaire invite également les gérants de campings à revoir leur approvisionnement en contenants à usages uniques pour la vente sur place.», précise Mathilde Raphalen. Des évolutions qui vont permettre d’améliorer encore le rapport des établissements avec l’environnement.
140 campings déjà accompagnés « Parmi nos adhérents, tous les gérants sont convaincus de cette démarche. Maintenant ils se posent la question de comment et par quoi commencer », note la chargée de mission. En trois ans, elle a déjà accompagné 140 campings à réaliser un état des lieux de leurs consommations d’eau, d’énergie, de déchets et à mettre en place des plans d’actions. « La réduction des déchets à la source est la partie la plus facile. Nous avons toutes les solutions pour réussir cet objectif. En ce qui concerne l’énergie, les études sont plus longues et nécessitent davantage d’investissement », reconnaît-elle.
Développer le solaire thermique
Après deux années d’études, il s’avère que 30 % des adhérents de l’UBHPA possèdent un potentiel favorable pour l’installation d’un système de chauffe-eau solaire thermique pour leurs sanitaires collectifs. « Une consultation groupée a été menée avec Atlansun pour 26 projets auprès de nos adhérents. Nous avons reçu les réponses des fabricants et installateurs et sommes en train de les présenter aux gérants pour qu’ils puissent décider de la solution retenue. Ces nouvelles installations doivent démarrer dès 2024 », précise Mathilde Raphalen. « En espérant que cela fasse boule de neige pour l’ensemble des professionnels… » Du côté d’Atlansun, syndicat chargé de représenter les professionnels du solaire photovoltaïque et thermique dans le Grand Ouest, le développement de la filière solaire thermique est une priorité. « L’Ademe nous accompagne dans cette démarche afin de rendre les prix des installations plus accessibles », explique Loïck Kalioudjoglou, chargé de mission solaire thermique. Sur les 245 adhérents d’Atlansun, seuls 40 sont actifs dans le solaire thermique. « Cette filière représente 1 % de la chaleur renouvelable, or, elle possède un fort potentiel de développement. Pour l’heure, les prix sont encore assez élevés. Voilà pourquoi il faut regrouper les projets ».
Jusqu’à 90 % des besoins couverts.
Le solaire thermique peut ainsi répondre de 40 à 70 % des besoins en eau chaude sanitaire dans l’hôtellerie de plein air, à l’année. « Notre accompagnement se fait individuellement. Les panneaux doivent être dimensionnés en fonction des besoins de production d’eau chaude sur place. Si l’installation est trop petite, elle ne répond pas aux besoins, et si elle est trop grande, il risque d’y avoir surchauffe et dysfonctionnement de l’installation provoquant une fin de vie précipitée », observe Loïck Kalioudjoglou, dont l’expertise est importante. Sur certains mois, ces installations peuvent produire jusqu’à 90 % de l’eau chaude sanitaire de l’hôtellerie de plein air