– Les exploitants agricoles pratiquant l’irrigation doivent mesurer et déclarer leurs prélèvements, les forages d’eau sont encadrés par réglementation. Quelles études sont faites par le BRGM pour mesurer les capacités d’un forage afin de maîtriser la ressource d’eau en amont et aval des projets de forage ?
Pour créer et exploiter un nouveau forage d’eau, les exploitants doivent en effet constituer un dossier de demande de déclaration ou d’autorisation, en fonction de l’usage et des volumes prélevés. Dans le cas d’une autorisation, ce dossier est le plus souvent réalisé par un bureau d’études qui doit évaluer la capacité de production de l’ouvrage, en procédant à la réalisation d’essais de nappe par pompages (essais par paliers et essais de longue durée). Ces essais permettent de déterminer la capacité de production propre à l’ouvrage (en fonction de son diamètre, de la présence de graviers filtrants en périphérie, du type de crépine etc), mais également sur les caractéristiques et la productivité de l’aquifère capté (capacité à fournir un débit d’eau sur la durée, impact du prélèvement sur la hauteur d’eau dans le forage, présence de limites géologiques imperméables à proximité, échanges entre l’aquifère et un cours d’eau proche etc). Ces résultats permettent également au bureau d’études d’évaluer l’impact potentiel de ce nouveau prélèvement sur la ressource en eau locale et les autres usages situés à proximité.
Cette étude environnementale est ensuite analysée par les services de l’Etat et en particulier les DDTM.
Lorsque l’instructeur a un doute sur les conditions de réalisation de ces essais ou sur l’interprétation des résultats qui en sont fait, il peut mandater le BRGM pour expertiser le travail réaliser et proposer des recommandations permettant de compléter ou améliorer les résultats obtenus.
Cette phase concerne la phase de conception des ouvrages, mais bien plus en amont, le BRGM réalise des études d’ampleur régionale, départementale, ou sur des bassins versants afin d’évaluer les ressources en eau souterraines, caractériser leur mode de fonctionnement (relations avec les eaux de surface, temps de renouvellement des eaux, capacité de production, qualité des eaux) dans un objectif de gestion durable, de préservation et/ou de reconquête de leur qualité.
A titre d’exemple, le BRGM a réalisé de 2002 à 2008 le projet SILURES « Système d’Information pour la Localisation et l’Utilisation des Ressources en Eaux Souterraines ». SILURES est composé de trois volets
1. le premier, baptisé SILURES Bretagne, a consisté à évaluer et cartographier les réserves à l’échelle de toute la région en créant une base de données de l’eau souterraine bretonne. Celle-ci permet de mieux connaître la géométrie des réservoirs aquifères, la productivité des forages et les réseaux de failles ;
2. le second volet, SILURES Bassins versants, s’est focalisé sur cinq secteurs étudiés plus en détail. Il s’agit de zooms de SILURES Bretagne sur des territoires de 50 km2 ;
3. enfin, le volet 3 qui a conduit à la conception et à la gestion d’un réseau de surveillance des eaux souterraines. Intitulé SILURES Suivi, il permet actuellement de mesurer en continu les fluctuations des nappes, en corrélation avec la pluviométrie et le débit des rivières, à l’aide de 52 piézomètres répartis sur toute la Bretagne (voir Réseau piézométrique régional).
Le BRGM Bretagne a également cherché à améliorer la connaissance des aquifères profonds du domaine de socle breton. Ces investigations ont débuté avec le programme RAPSODI « Recherche d’Aquifères Profonds dans le SOcle du Département d’Ille-et-Vilaine » (2006-2008), dont les travaux de recherche ont abouti à la réalisation d’un forage semi-profond de 216 m réalisé 2008 à Saint-Brice-en-Coglès (35), implanté dans des cornéennes briovériennes, et qui a fourni des débits exceptionnels (débit instantané de 160 m3/h). Le programme s’est ensuite poursuivi avec le projet de Recherche CAPSAR « Caractérisation des Aquifères Semi-Profonds Armoricains » dont les objectifs étaient de mieux comprendre les mécanismes de circulation de l’eau en profondeur, les phénomènes de mélange entre les différents compartiments géologiques, et les vitesses de circulation des eaux et l’interaction de l’eau avec les minéraux des roches traversées. Les résultats de cette étude ont contribué à déterminer si ces structures sont favorables vis-à-vis d’une exploitation durable, tant du point de vue quantitatif que de la qualité des eaux produites sur le long terme.
Dans la continuité, le BRGM mène actuellement le programme ANAFORE « ANAlyse multicritère des données des FORages les plus productifs de BretagnE » qui vise à caractériser les contextes géologiques, géomorphologiques et hydrogéologiques les plus favorables à la production d’eau souterraine sur toute la Région Bretagne. Pour cela, un panel de 100 forages profonds et semi-profonds sont étudiés en détail.
Le BRGM réalise également des études sur des périmètres plus restreints, telle que les phénomènes d’intrusion d’eau saline dans les aquifères côtiers, l’impact des changements de pratiques agricoles sur la qualité des eaux souterraines ou l’impact des prélèvements d’eau potable sur le débit des rivières.
En plus de ces projets, réalisés en partenariat avec des collectivités (Région Bretagne, syndicats d’eau) et l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne, le BRGM gère, pour le compte de l’Agence Française de la Biodiversité, le réseau d’observation des eaux souterraines de la région Bretagne. Ce suivi est assuré grâce à 52 piézomètres implantés dans le cadre du programme SILURES, tous équipés de sondes avec enregistreurs en continu et systèmes de télétransmission. Les données du niveau des nappes sont bancarisées tous les 15 jours dans la base nationale publique ADES (Accès aux Données sur les Eaux Souterraines) (www.ades.eaufrance.fr) et permettent au BRGM Bretagne de rédiger un bulletin mensuel de situation des eaux souterraines de la région.