Aménager durable, mode(s) d’emploi
Tout décideur public le sait bien : aménager, c’est prévoir. En effet, une opération d’urbanisme doit répondre à des besoins – présents et futurs – que la collectivité locale aura su identifier : construire des logements, des services publics, une zone d’activités, des infrastructures de transport, etc.
Or, depuis une quarantaine d’années, la croissance des villes françaises a majoritairement pris pied dans les couronnes périurbaines qui se sont à la fois étendues et densifiées. Ce flux a généré l’artificialisation d’une grande part de terres agricoles et naturelles, principalement en raison de l’inclination des ménages français pour la maison individuelle. Et la Bretagne ne fait pas exception en la matière : selon l’INSEE, entre 1992 et 2003, la surface occupée par l’habitat individuel y a augmenté de 32 % dans les couronnes périurbaines et de 35 % dans l’espace à dominante rurale.
En réaction à ces tendances de fond, les textes de loi ont évolué vers une protection accrue des espaces non bâtis. Tant et si bien qu’aujourd’hui, le contexte réglementaire est devenu de plus en plus lourd à intégrer dans la conduite d’un projet. « Désormais, pour engager une opération d’aménagement, une collectivité doit non seulement avoir défini ses besoins, mais il lui faut aussi apporter le plus grand soin au choix du site qui accueillera son opération, souligne Natacha Blanc-Marteau, PDG de Ouest Am’. L’enjeu est d’importance, car il y a encore de nombreux projets qui se retrouvent confrontés à des situations de blocage, après avoir été lancés sur des terrains posant des problèmes en termes d’impact environnemental. Ainsi, une opération HQE peut être finalement peu qualitative, en cas d’implantation au mauvais endroit. »
Trois guides pratiques
Justement, pour aider les collectivités à aborder au mieux cette phase de préparation, en choisissant le bon endroit, le réseau « Bretagne Eco-entreprises » – qui regroupe 70 sociétés expertes en environnement, dont Ouest Am’ – a élaboré le guide Comment concevoir et évaluer une zone d’habitat durable ? « Il s’agit d’un document venant compléter des outils existants comme l’Approche Environnementale de l’Urbanisme ou le nouveau label « Eco-quartier », expose Natacha Blanc-Marteau. Il s’adresse en particulier aux collectivités qui ne disposent pas forcément de services techniques élargis, afin qu’elles puissent se poser toutes les questions utiles, à travers 9 thématiques, pour mener à bien une opération. A travers une grille d’évaluation, il leur est possible de connaître et de classer les sites d’implantation potentiels, que cela soit des « dents creuses » dans le tissu urbain ou des espaces naturels. Cette approche pragmatique a été expérimentée et affinée à travers le cas concret de la commune de Melesse, en Ille-et-Vilaine, qui souhaitait intégrer les problématiques environnementales dans sa réflexion d’urbanisation future (voir encadré). »
Pour compléter logiquement le premier guide dédié au choix d’un site, Bretagne Eco-entreprises publiera, dans les semaines à venir, un deuxième ouvrage consacré au pilotage de projet. « Nous y aborderons notamment les étapes-clés et les références juridiques incontournables, précise Natacha Blanc-Marteau. Et, en fin d’année, nous éditerons un troisième guide consacré à un aspect parfois négligé par les maîtres d’ouvrage : l’explication des aménagements mis en œuvre auprès des habitants du nouveau quartier. Là encore, c’est un enjeu important. En effet, réaliser de beaux projets est une bonne chose, encore faut-il que les usagers puissent les comprendre pour les utiliser au mieux… »
Plus d’infos : www.bretagne-eco-entreprises.fr
Aménagement durable : un partenariat exemplaire entre acteurs publics et privés
La ville de Melesse accueille un projet de 410 logements qui sortiront de terre à partir de l’année prochaine, sur 15 ha. Pilotée par le groupe GIBOIRE, l’opération est ambitieuse sur le plan urbanistique (densité, déplacements doux, mixité…), tout en intégrant une réflexion environnementale globale, avec notamment la réhabilitation d’une zone humide de 3 ha au cœur de l’opération.
« La ville a travaillé en partenariat étroit avec la maîtrise d’ouvrage privée, en ouvrant le secteur des « Fontenelles » à l’urbanisation, explique Pascal Reinaud, adjoint à l’urbanisme. Cette évolution de notre PLU résultait d’un diagnostic environnemental qui nous a permis de trancher entre deux zones pouvant accueillir ce type d’opération. Pour établir notre choix, la méthodologie proposée par Bretagne Eco-entreprises s’est révélée déterminante. » A tel point que pour cette prise en compte de l’aspect environnemental, dès en amont de la conception du projet, l’équipe GIBOIRE-Ouest Am’-SITADIN a reçu le prix « Meilleure démarche de gestion de site », décerné dans le cadre des Prix Entreprises et Environnement 2012, organisés par le Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie et l’ADEME.
Nils Bruder pour valeur énergie Bretagne